TÉMOIGNAGE DE SYLVIE ET GEORGES, FAMILLE D’ACCUEIL JRS WELCOME

Sylvie et Georges sont famille d’accueil à Grasse pour JRS Welcome. Ils nous racontent leur cheminement.

Voici 4 ans que nous avons fait le choix avec mon mari, de devenir famille d’accueil pour JRS Welcome et animateurs de notre groupe de Grasse.
Ce choix s’est imposé à nous comme une évidence… Une maison avec chambres vides, salle de bains et toilettes indépendants  et des gens dans la rue qui  arrivaient toujours plus nombreux dans des conditions épouvantables.  Et puis l’appel du pape François, mal relayé dans notre paroisse. Oui c’est possible et ce n’est pas compliqué ! 

Kady, Shardad, Ibrahim, Mahmoud, Nura, Reza, Christopher, Bakary… des prénoms qui résonnent en nous comme des rencontres magnifiques, des histoires singulières, toutes lourdes de souffrances, d’angoisses, de séparations, de peurs …
Quand JRS Welcome nous les confie, nous ne savons pas pourquoi ils ont atterri, ou amerri là.  Nous savons seulement qu’ils sont dans la rue et ont besoin d’être nourris, logés,  entourés,  cocoonés comme on dit en Provence ! Et c’est très bien ainsi. 

Un nom (pas toujours le leur), un prénom (parfois pas celui du papier) une date de naissance (ou deux suivant le passeport fourni par le passeur), un pays et une langue (les francophones sont rares), une religion parfois, c’est tout et ça suffit !
Le reste viendra plus tard, peut-être, un soir de confidence au cours du repas, ou devant un thé, en tête à tête entre femmes… Chaque parcours est unique. Que les raisons soient politiques, religieuses ou personnelles , aucune de celles rencontrées pour nous n’est économique.  Ils ont laissé des parents, des enfants, un pays pour fuir la prison et la mort, c’est tout.

Et après?

Après c’est plutôt simple ! Il suffit de savoir s’ajuster à chacun, trouver la bonne distance… Celle-ci est différente lorsqu’il s’agit d’un presque gamin de 20 ans, d’un père de famille de 40, d’une femme martyrisée par les hommes qu’elle a croisés… 
Alors, bien sûr la règle est le repas du soir partagé, mais parfois il faut beaucoup de temps pour s’apprivoiser ; C’est vrai qu’il est demandé de ne pas rester à la maison toute la journée, mais quand il fait froid, que le frigo est plein, que la Covid menace, c’est là qu’on est le mieux.
Accueil après accueil, nous avons appris à prendre le temps de l’apprivoisement, de la rencontre, du partage. Nous avons accepté que tout ne se passe pas comme sur le papier et c’est bien !

Mais JRS Welcome, c’est plus que ça !  D’abord c’est un réseau bien organisé où on se sent guidés, soutenus. Savoir que chaque accueil a une durée limitée, mais que d’autres prennent le relais nous permet de ne pas nous sentir indispensables, et c’est bien ainsi.  Nous sommes les maillons d’une chaîne de solidarité, c’est tout. Avoir pour chaque accueilli un accompagnateur pour gérer les soucis de santé,  les démarches administratives, les problèmes quotidiens est un vrai soutien pour les couples accueillants qui travaillent.
Ce réseau, grâce aux journées de rencontres,  aux réunions d’animateurs, a permis de rencontrer de nouvelles personnes, très  différentes de nos relations habituelles. C’est une grande richesse.
Grâce à notre rôle d’animateurs d’équipe, nous avons proposé régulièrement des repas partagés avec les familles, les accompagnateurs et les accueillis. Là encore,  une occasion de découvrir de nouveaux amis.

Je crois pouvoir dire que cette aventure nous apporte énormément : nous sommes heureux de vivre ces temps d’accueil avec chacun, nous recevons beaucoup plus que nous ne donnons ; la confiance et le courage de ces personnes sont des exemples pour moi et permettent de resituer nos difficultés quotidiennes à leur juste place.

Ce qui nous touche beaucoup, c’est qu’année après année, nous continuons à  avoir des nouvelles de nos demandeurs d’asile devenus réfugiés et de voir ceux qui sont restés dans la région.  Ils ont trouvé leur chemin, même si les difficultés restent présentes,  mais n’oublient pas leurs premières maisons de France !

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