Témoignage d’Ali Jamshidifar, ancien accueilli au sein du réseau JRS Welcome, aujourd’hui membre du conseil d’administration de JRS France.
Ali Jamshidifar alias JAM est un dessinateur d’origine iranienne, installé à Paris depuis 2015, après avoir fui l’Iran où il occupait un poste de directeur artistique. Après une période de grande précarité, il obtient le statut de réfugié et reprend alors son activité de dessinateur. Il rencontre Reporters sans frontières, la Maison des journalistes, ainsi que Plantu et l’association Cartooning for peace. Depuis, il publie régulièrement dans la presse française (Libération, Le Monde, France 24…) et collabore avec diverses associations telles que JRS France – où il siège au Conseil d’administration – en réalisant des illustrations autour de l’actualité des personnes exilées en France.
Dans de nombreuses cultures, le nombre quarante symbolise la plénitude et l’accomplissement. Mes quarante ans ont aussi marqué une renaissance pour moi. Après avoir traversé un long désert, j’ai atteint la rive de l’espérance à l’âge de quarante ans.
Le parcours du réfugié est un chemin de connaissance de soi. C’est sur ce chemin que j’ai rencontré JRS (Service Jésuite des Réfugiés). Ce fut ma chance. Mais la chance n’est qu’un autre nom de Dieu. C’est Lui qui m’a guidé pas à pas vers Sa lumière. Auprès de JRS, j’ai d’abord retrouvé la dignité humaine. Puis j’ai découvert l’enseignement de saint Ignace, qui m’a éclairé sur la manière de déceler les éclats d’espérance sur mon chemin. Grâce à JRS, j’ai pu réaliser une peinture de saint Ignace désormais exposée dans un bâtiment jésuite à Paris. Avec mes pinceaux et des couleurs chaudes, j’ai pu méditer sur la figure du saint. Par l’étude et l’imagination, j’ai pu entrer dans l’esprit ignatien. Quelle fierté et quelle joie d’avoir pu réaliser ce tableau ! Ce fut une expérience presque magique, d’autant plus bouleversante qu’une image de ce tableau est parvenue jusqu’au pape François, à l’occasion de la commémoration du naufrage méditerranéen à Marseille. Une histoire qui me touche profondément.
Depuis mon arrivée à Paris et ma rencontre avec JRS en 2015, chaque rencontre a été pour moi comme une porte d’espérance. C’est là que j’ai compris l’esprit de l’humanisme chrétien : l’homme, même blessé, demeure le reflet du divin. C’est aussi dans cet espace de bienveillance que j’ai rencontré mon épouse.
Au fil des ans, mon lien avec JRS continue de se tisser et de s’approfondir. Depuis quatre ans, je suis membre du Conseil d’administration de l’association et participe à ce titre à ses orientations stratégiques.
JRS est pour moi bien plus qu’une association d’aide aux réfugiés : c’est un lieu où l’égalité, la fraternité et la dignité humaine se manifestent pleinement.
Je me demande souvent comment je peux rendre tant de bonté reçue. Les paroles de saint Ignace me rappellent que la seule réponse à l’amour, c’est d’aimer et d’agir par amour. C’est pourquoi je poursuis humblement un engagement bénévole au sein de l’association, comme une prière en action, un acte d’art et de gratitude.
« J’étais un souffle de poussière errant dans la nuit, et ton Amour m’a conduit jusqu’à la source de lumière. »
Tabatabaï (1903-1981) mystique persan