Réagir au gel du financement de l’aide américaine
Le vendredi 24 janvier, la nouvelle administration du gouvernement des États-Unis a émis un ordre de suspension pour 90 jours de tous les financements accordés par le Bureau de la population, des réfugiés et des migrations (BPRM). Cette suspension des aides internationales affecte durement JRS.
Le 14 février, le Directeur de JRS International, M. Michaël Schopf, a fait le point de la situation devant l’équipe dirigeante de JRS et les directeurs nationaux :
La mise en péril de l’aide apportée par le JRS à 100 000 réfugiés
La suspension immédiate des projets financés par le BPRM a directement affecté neuf pays dans lesquels JRS agit (Tchad, Colombie, Éthiopie, Inde, Irak, Afrique du Sud, Soudan du Sud, Thaïlande et Ouganda), perturbant gravement les services essentiels dans les domaines de l’éducation, de la santé mentale et du soutien psychosocial, ainsi que les programmes de subsistance.
Ce gel met en péril l’aide apportée par JRS à 100 000 réfugiés et représente une réduction de 18 % du budget global (mondial) du JRS (soit un volume annuel de 18 millions de dollars) avec la possibilité de réductions supplémentaires. En effet, la nouvelle administration américaine a également suspendu le financement d’organisations des Nations unies telles que le HCR et les organisations partenaires du JRS dans des consortiums. Ces chiffres montrent déjà clairement que l’impact est important non seulement pour certains projets ou bureaux nationaux, mais aussi pour l’ensemble du JRS et ses services d’accompagnement.

Le JRS mobilise une réponse d’urgence, en donnant la priorité aux activités dites de “subsistance, de maintien et de promotion de la vie” (life saving activities) malgré les contraintes financières.
Les principales mesures comprennent un budget d’urgence de 1,5 million de dollars sur 90 jours, via le recours aux réserves, la mobilisation des donateurs par le biais d’un appel mondial et la coordination des efforts de plaidoyer avec les réseaux jésuites et les partenaires humanitaires, notamment le Xavier Network et Fey Alegria.
Kelly Ryan, présidente de JRS/USA, a également fait le point sur les mesures prises par l’équipe de JRS/USA à Washington, D.C., notamment le dépôt de demandes de dérogation ou d’exemption au gel des financements pour les activités vitales dites “de sauvegarde et maintien de la vie” (life saving activities) menées par JRS dans les pays directement menacés, espérant que le département d’État américain les accordera. Différentes actions sont également menées en lien avec les autres organisations internationales.
JRS réaffirme ses valeurs et sa mission centrée sur la personne humaine
Le Directeur de JRS International a replacé la crise dans le contexte d’un changement géopolitique plus large en cours, décrivant le gel des financements comme le symptôme d’un ordre mondial nationaliste émergent qui menace les engagements humanitaires multilatéraux. Il a exhorté le JRS à confronter ce narratif d’exclusion et de déclin par un autre narratif de “vie” fondé sur la solidarité, l’action, en n’omettant pas la dimension spirituelle.
En cette période de fragilité, le JRS est ainsi appelé à réaffirmer sa mission, en accompagnant les réfugiés et en défendant leur dignité et leurs droits : “la dignité de la personne humaine est centrale et ne s’arrête pas à la frontière nationale”. Alors que l’organisation fait face à ces défis, la collaboration, la résilience et l’unité du JRS seront essentielles pour maintenir l’engagement à servir les plus vulnérables, qui est le cœur de notre mission de justice et de réconciliation.
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« Face à la souffrance et à l’exclusion, nous sommes unis en tant que communautés et provinces jésuites, paroisses, écoles, centres sociaux, universités et partenaires dans notre mission commune de réconciliation et de justice.
Accompagner nos frères et sœurs déplacés est un engagement apostolique de la Compagnie, un témoignage de notre vocation à servir les pauvres et les exclus alors que nous luttons ensemble pour un avenir ancré dans la justice, la paix et la dignité humaine.
Cette mission sacrée ne peut porter ses fruits que si nos efforts sont unis. »