Communiqué - Mobilisons-nous le 30 juin et le 7 juillet pour voter pour une France hospitalière et fraternelle qui respecte la dignité de chaque personne
Nous sommes profondément affectés par les résultats des élections européennes qui ont placé le Rassemblement national en tête des suffrages dans notre pays.
Depuis plus de 15 ans, JRS France (le Service Jésuite des Réfugiés) est aux côtés des personnes migrantes, déplacées de force, pour les accompagner, les servir et défendre leurs droits.
Nous luttons contre leur isolement social et voulons leur offrir un tremplin dans leur parcours de vie et d’intégration en France. Nous voulons bâtir ensemble une société dans laquelle tout être humain puisse vivre une vie digne avec la possibilité de contribuer au bien commun. Nous le savons, c’est un énorme défi, auquel chacun de nous peut participer, à la mesure de ses moyens.
À JRS France, plusieurs milliers de bénévoles, de toutes convictions, croyances et origines, agissent ensemble ; cette diversité est une richesse et un atout.
Accueillir sous son toit une personne étrangère, partager des moments en commun, nouer une relation sont autant d’expériences qui conduisent à vivre un déplacement. Nous en prenons davantage la mesure, lorsqu’avec notre réseau, nous relisons ce que nous vivons.
L’accueil, l’hospitalité et la fraternité demeurent exigeants et impliquent un véritable travail au jour le jour, d’écoute, d’ajustement, d’apprentissage et de transformation. Ce travail peut certes placer accueillants et accueillis dans l’inconfort puisque l’un et l’autre sont conduits à s’interroger sur ce qui fait le fondement de leur vie, de leurs valeurs comme de leurs cultures. Mais nous pouvons témoigner que l’expérience de la rencontre donne aussi à découvrir les ressources de confiance et d’espérance pour dépasser la peur comme les malentendus.
Au cœur de notre engagement dans l’accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile au sein du réseau de JRS France, nous veillons à créer les conditions offrant aux personnes accueillies de reprendre espoir, de trouver leur place et de s’ajuster à leur tour, afin de participer ensemble à la construction de notre « maison commune ».
Comment demeurer en paix chez moi alors même qu’au dehors certains crient et souffrent ?
Le jésuite Pedro Arrupe, fondateur de JRS en novembre 1980, n’a cessé tout au long de sa vie d’appeler à lutter pour la justice et le secours des plus pauvres, gage de la crédibilité de notre action. Le fait d’être présents auprès des réfugiés, d’être affectés par les vies et les histoires des réfugiés rencontrés, nous conduit à agir pour la justice.
Pedro Arrupe disait « L’Église du Christ doit en tant que telle se révéler comme l’Église de ceux, qui selon le Seigneur, représentent de la manière la plus crédible ce qu’est l’amour : il s’agit des pauvres, des esclaves, des persécutés, des exclus et des désespérés. Si nous détournons la Parole du Seigneur, nous commettons un acte de haute trahison à l’encontre de son message. ».
Nous ne bâtissons pas durablement la paix, et avec elle, la sécurité et la protection, en laissant perdurer des situations d’indignité autour de nous.
La dimension internationale de JRS, présent dans 56 pays, nous éclaire sur la complexité de la question migratoire et nous garde d’une vision autocentrée. Elle nous rappelle sans cesse de ne pas oublier que « la première étape vers la justice consiste à faire de la place à la participation réelle de ceux qui subissent les terribles conséquences de la violence ». (lire ici le manifeste)
Nous sommes à présent face à une étape importante de notre vie politique : nous aurons à voter à deux reprises les 30 juin et le 7 juillet pour élire les députés qui siègeront au Parlement, représenteront les citoyens et engageront les décisions politiques afin d’assurer à notre société son développement donnant à chacun de trouver davantage sa place dans le respect, l’écoute, la justice, la solidarité.
Dans ce contexte social et politique, notre expérience aux côtés des personnes exilées nous conduit à choisir plus que tout l’ouverture, à travers un chemin de rencontres.
Le programme du Rassemblement national et de ses alliés – dont les slogans prônent la préférence nationale, la naturalisation sur des critères « d’assimilation », la « fin de la submersion migratoire », ainsi que le durcissement des conditions d’accueil et de vie des personnes exilées, conduisant inévitablement à les précariser davantage et à leur dénier des droits fondamentaux (comme celui de permettre la réunification familiale des couples et de leurs enfants) – n’est pas, pour nous, compatible avec la société que nous voulons bâtir ensemble.
Nous pouvons témoigner de la joie que nous avons à bâtir en commun, à partager notre humanité ; sans naïveté et avec une saine clairvoyance, conscients que l’accueil, la solidarité et la fraternité demeurent exigeants à vivre pour chacun de nous, accueillants et accueillis. Nous ne pourrons pas faire l’économie de ce travail d’homme et de femme qui nous est confié. C’est notre responsabilité.
Alors, mobilisons-nous le 30 juin et le 7 juillet pour voter pour une France hospitalière et fraternelle qui respecte la dignité de chaque personne.
Franck Delorme s.j., Président de JRS France
Guillaume Rossignol, Directeur de JRS France
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