« Solidaire avec toutes les personnes exilées » par Alpha

Alpha, en stage de cinéma avec l’association Les Yeux de L’Ouïe, a écrit un texte qui scande le film 1, personne, 100 000, réalisé avec 7 autres membres du programme JRS Jeunes. Il explique : “Je voulais montrer aux gens qu’on n’est pas là pour profiter, ou qu’on a quitté notre pays parce qu’on n’est pas bien chez nous. Il nous a fallu fuir, nous sauver. Personne ne va traverser les frontières ou risquer sa vie parce que l’Europe est belle. On vient chercher refuge. On peut être utile et contribuer. Moi, je viens de Guinée, ce que je traverse c’est pas seulement moi, c’est plein de pays qui ont la même difficulté. 

Ça ressemble à ce que vivent les Afghans, les Syriens, les Bengalis qui ont fui des guerres et des persécutions. On ne peut pas vivre sans la paix, on peut vivre dans la pauvreté dans un pays en paix mais pas dans la guerre. Ce texte concerne tout le monde. Tout le monde peut comprendre le texte que j’ai écrit, on n’abandonne pas sa famille, sa vie, son enfance pour traverser la Méditerranée ou le désert. 

Je voulais aussi parler de la joie dans le malheur : même s’il y a toujours quelque chose qui nous manque, pour toujours, on peut quand même vivre, faire des rencontres, dépasser des épreuves. On peut être accepté, travailler, trouver la joie. 

Quand j’ai lu le texte que j’avais écrit, tout le monde a eu envie de le lire”. 

L’exil

Je viens d’un pays où les coups d’états militaires sont fréquents
Je viens d’un pays où la démocratie n’est pas respectée
Je viens d’un pays où les opposants sont emprisonnés
Je viens d’un pays où les manifestants se font tirer dessus
Je viens d’un pays où la liberté d’expression n’existe pas
Je viens d’un pays où les droits des femmes ne sont pas respectés
Je viens d’un pays où la loi du plus fort règne
Je viens d’un pays où les droits de l’Homme ne sont pas respectés
Je viens d’un pays où les journalistes sont assassinés
Mais j’aime mon pays
Parce que c’est toute ma vie, mon enfance, ma famille, ma maison, mes études, mes proches   
Pourtant, j’ai décidé d’en partir, de tout abandonner. Partir loin, j’ai dû m’exiler.
L’exil d’abord c’est un long trajet très difficile, ensuite c’est la perte de tous mes repères, ma langue, ma culture, mon engagement.
Jour après jour, nuit après nuit, je me sens seul et je dois affronter de très nombreuses difficultés : c’est vraiment très dur d’être exilé.
Mais l’exil m’offre une seconde chance. 
L’exil me donne l’occasion de me battre contre moi-même, de repartir vers de nouvelles rencontres d’apprendre une langue autre que la mienne, de découvrir d’autres cultures différentes, de témoigner de ce que j’ai vécu et de ce qui va mal dans mon pays dans l’espoir d’être écouté.
Je suis solidaire avec toutes les autres personnes exilées qui traversent les mêmes épreuves.

Alpha, exilé depuis des années

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