Safe and Secure

«Soixante ans après l’adoption officielle de la convention de 1951 des Nations Unies sur les Réfugiés, de nombreux pays continuent d’inventer de nouvelles excuses pour justifier la fermeture de leurs frontières aux demandeurs d’asile, au lieu de travailler à trouver des solutions durables pour mettre un terme aux déplacements forcés. Cette approche provoque des souffrances terribles tout en ignorant l’obligation universelle de protéger les droits humains fondamentaux des migrants», précise Peter Balleis SJ, le Directeur International du JRS.



L’expérience d’un réfugié érythréen publiée dans le rapport sous le titre «Sécurité et sûreté: Quelle expérience font les réfugiés aux Frontières de l’Europe? n’est que trop familière. Le bateau à bord duquel il avait pris place a été intercepté par les autorités grecques qui, après avoir confisqué le moteur, ont abandonné ses occupants. Même si lui a finalement été sauvé par des pêcheurs, plus de 15.000 personnes ont perdu la vie en essayant d’atteindre les frontières de l’Europe depuis 1994. Sans compter tous ceux qui sont confrontés à d’autres violations des droits humains, comme les récents événements de Libye l’ont prouvé.

Même ceux qui arrivent jusqu’en Europe ne sont pas forcément en sécurité.

Des études montrent que les politiques européennes de renvoi des demandeurs d’asile dans les pays où ils sont entrés en premier ne tiennent pas compte des variations des politiques nationales d’asile en matière de qualité, d’accès et de sauvegarde. En conséquence de quoi, de nombreux réfugiés risquent de voir leurs droits bafoués, et d’être directement ou indirectement renvoyés dans leur pays d’origine – en violation de la législation internationale sur les réfugiés et sur les droits humains. 

De nombreux états de la région Asie Pacifique sont engagés dans des pratiques illégales qui empêchent l’arrivée des migrants forcés ou qui expulsent les nouveaux arrivants sans tenir compte de leur demande d’asile. Les autorités thaïlandaises ont appréhendé des demandeurs d’asile de l’ethnie Rohigya en pleine mer. Le Cambodge, la Malaisie et la Thaïlande ont renvoyé des demandeurs d’asile Uighurs  en Chine avant que leur demande d’asile ait été prise en compte. De son côté, l’Australie a tenté de renvoyer des boat people en Malaisie. Même si cette politique a temporairement été suspendue, elle participe d’un courant d’exclusion. 

Au cours des années passées, de nombreux pays africains – qui continuent à porter le poids des réfugiés, bien plus que ne le font les nations développées – ont cherché à empêcher d’autres personnes déplacées de traverser les frontières. Par exemple, le Kenya a plusieurs fois fermé sa frontière avec la Somalie pour empêcher l’entrée de réfugiés fuyant les conflits, les exposant de ce fait même à des arrestations arbitraires, à des bastonnades et autres violations de leurs droits humains, y compris les expulsions forcées. 

L’Angola et l’Afrique du Sud ferment leurs frontières aux  réfugiés qui ont transité par des pays tels que la République Démocratique du Congo, le Mozambique ou le Zimbabwe, sous prétexte qu’ils auraient pu demander l’asile dans l’un de ces pays. Malheureusement, comme cela a été démontré par une étude de l’organisation non gouvernementale Lawyers For Human Rights, ces pays ne disposent pas des mécanismes indispensables à la protection des droits humains, ce qui expose les réfugiés à toutes sortes de risques et d’exploitations. 

«Nous demandons aux pays européens et à tous les pays industrialisés d’aider les nations en voie de développement à accueillir de grandes quantités de migrants. Ce qui pourrait être fait, au moins en partie, en réinstallant plus de réfugiés dans des nations riches et en allouant plus de ressources techniques et financières aux pays d’accueil les plus pauvres», a ajouté le père Balleis.

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