Réfugiés : études universitaires ?

Anne Ziegler travaille à JRS Syrie où elle coordonne le projet JC:HEM à Alep
et où elle est ssistante du Directeur du Projet JRS St Vartan.

 

 

 

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En septembre 2010, le JRS International a lancé un projet-pilote d’études universitaires à distance pour les réfugiés. En effet, si les réfugiés ont droit à une éducation primaire et ont souvent accès à une éducation secondaire dans leurs pays d’accueil, les perspectives s’arrêtent généralement là.

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Le projet résulte d’une collaboration entre le JRS et une initiative des universités jésuites américaines, les Jesuit Commons. Le projet, dénommé JC:HEM (Jesuit Commons : Higher Education at the Margins) a déjà permis à une cinquantaine de réfugiés africains des camps de Kakuma, au Kenya, et de Dzaleka, au Malawi, de de suivre depuis un an un programme de cours mis à disposition par les universités jésuites américaines et centralisés à Regis University (Colorado). Le tutorat est assuré localement par un coordonnateur JRS, possédant un bagage universitaire, et une coordination internationale gère l’aspect technique et académique. Une deuxième promotion d’étudiants est en cours d’admission dans chacun de ces camps, pour un début des cours en septembre 2011. Des réfugiés irakiens devraient également pouvoir bénéficier de ce service dès la fin 2011, à Alep, au Centre St Vartan du JRS, grâce à l’implication de l’université St Joseph, de Beyrouth au Liban, en collaboration avec Fairfield University (Connecticut).

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Au-delà du programme universitaire, le projet fait aussi appel à des enseignants volontaires pour aider à monter des formations courtes, intensives, orientées vers la pratique, et de haute qualité pour améliorer les services aux communautés de réfugiés. De telles formations s’adressent aussi bien aux réfugiés qu’aux volontaires engagés dans les camps ou dans les centres d’accueil urbains. Un facilitateur local du JRS, spécialiste du domaine, monte et assure la formation, d’une centaine d’heures environ sans compter les mises en situation et le projet final, en collaboration à distance avec un universitaire expert qui met à disposition ses compétences et ses connaissances des ressources accessibles par internet. Des formations en gestion de cas sociaux, soutien psychologique, formation d’enseignants, communication-journalisme, informatique ont été ainsi montées et ont été ou vont être dispensées dans les mois à venir sur les trois sites, donnant lieu non pas à un diplôme mais à un certificat JC:HEM. Une formation montée par un site pouvant servir à un autre ultérieurement…

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La phase pilote de ce projet (2010-2014), sur les trois sites mentionnés, permet d’évaluer la faisabilité, concernant les défis par exemple (amener et utiliser internet au milieu de nulle part dans le camp de Kakuma, Kenya, avec des températures généralement au-dessus des 40°C par exemple ; ou dans un contexte politique aussi instable que celui du Moyen-Orient en ce moment). Elle permet aussi de percevoir les orientations nécessaires ou souhaitables pour le développement d’un tel projet. Deux aspects me paraissent essentiels : l’inculturation des enseignements dispensés (même à l’heure de la mondialisation, les références et modes de pensées d’un jeune américain, celles d’un jeune réfugié africain ou celle d’un jeune arabe ne sont pas les mêmes), et la diversité des langues d’enseignement (français, arabe…) – et donc l’implication d’établissements d’enseignement francophones, arabophones… – pour permettre à un plus grand nombre de jeunes « aux marges » d’accéder à ces formations.

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