Paris sous un nouveau jour

Quentin Dupont, étudiant jésuite des USA, est venu passer le mois de juillet avec JRS France. Il s’agissait de faire découvrir Paris aux accueillis dans le réseau Welcome, en offrant des sorties culturelles et distrayantes dans la ville et ses environs. Quentin est maintenant reparti aux USA. Témoignage.

 

La plupart des accueillis du réseau Welcome sont logés à Paris ou en région parisienne. Les réfugiés « apprivoisent » Paris plus qu’ils ne connaissent la ville. La plupart appréhendent Paris de façon pratique : ils repèrent les points de rencontres entre amis, la préfecture, les axes majeurs de transports en commun, ou les quartiers les moins suspicieux de la présence d’étrangers non- francophones et où l’on peut se balader entre amis d’un même pays ou d’une même partie du monde sans se sentir stigmatisés…

 

Après quelques jours, j’ai compris ce qu’était la réalité des accueillis, une réalité qui m’était étrangère, moi qui connaissais Paris depuis mes années étudiantes avant même d’entrer dans la Compagnie. Rencontrer les accueillis et apprendre ce qu’est leur perspective m’a donc offert de voir sur Paris sous un nouvel oeil, conscient des difficultés rencontrées par les demandeurs d’asile en France.

 

Mais, en retour, j’ai eu la possibilité d’offrir aux réfugiés un nouveau regard sur Paris, celui de la ville Lumière, des merveilles et de l’Histoire qu’ils côtoyaient au quotidien sans les connaître. Nous avons commencé par visiter les jardins du Luxembourg, tous près des bureaux de JRS France, un lieu chargé d’histoire, d’activités, et de beauté sous de nombreuses formes. Durant les sorties suivantes, j’ai vu les accueillis s’émerveiller tels des touristes le long des Champs Elysées, découvrir avec surprise l’histoire de la place de la Bastille à travers laquelle ils passent si souvent, visiter le musée du Louvre avec les yeux grands ouverts tels des enfants, être étourdis par les gratte-ciels de La Défense et curieux de la présence d’une église au cœur du Parvis… Au fur et à mesure qu’ils re-découvraient avec joie la ville qui soudain leur semblait auparavant si froide et parfois vide de sens, je retrouvais moi-même le bonheur de voir Paris sous un nouveau jour, moi aussi.

 

Plus de deux mois après notre dernière sortie, je repense avec enthousiasme aux après-midi que nous passions ensemble à apprécier Paris, en étant touché de la gratitude et à la curiosité que démontraient les accueillis face à leur ville désormais d’adoption. Je me souviens leur avoir demandé ce qu’ils avaient chacun préféré au Louvre. M’attendant à la description de différents tableaux ou sculptures, je fus pris par surprise par leur réponse unanime : les fondations du château du Louvre médiéval furent le clou de cette sortie ! Vraiment, cet été fut celui de la découverte de Paris sous un nouveau regard, et pour les réfugiés et moi, l’occasion d’oublier pour quelques heures chaque semaine les difficultés légales, politiques, ou émotionnelles de leur situation de demandeur d’asile.

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