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Une parole qui console

Isabella Moulet, réseau Welcome de JRS France

« Réconforter celui qui n’en peut plus. » La mission du prophète Isaïe correspond à la situation d’un peuple en exil, sans avenir, ayant presque tout perdu. Aujourd’hui des situations semblables existent partout dans le monde : des personnes, des groupes fuyant la guerre, la violence, la famine, la misère. L’éternelle question revient toujours : pourquoi ? Pourquoi l’homme fait-il du mal ? Pourquoi la souffrance frappe t-elle des innocents ? Chacun peut ajouter une interrogation similaire venant de son expérience, mais le constat est bien le même : nous nous heurtons à l’énigme du mal et nos questions restent sans réponses satisfaisantes.

Dans la Bible, le livre de la Genèse lève un coin du voile avec le récit d’Adam et Ève tentés par le serpent. L’homme est à la fois victime et complice du mal . D’autres passages de la Bible sont le reflet d’une approche se révélant finalement insatisfaisante. S’il arrive un malheur à une personne, c’est qu’elle aurait péché ou Dieu l’aurait abandonné. Ainsi les disciples demandent à Jésus : « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? » Si cette explication, sous différentes formes, nous tente encore aujourd’hui, Jésus y répond clairement : « Ni lui, ni ses parents ». La Bible donne finalement une seule réponse face au mal : agir ! Jésus va ainsi guérir l’aveugle-né.

Le début de l’évangile de Luc nous présente Syméon « un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël ». Cette consolation définitive devait être donnée par le Messie, l’envoyé de Dieu. Syméon voit en Jésus le Sauveur apportant cette consolation. La vie publique de Jésus va donner raison à Syméon. Jésus guérit, chasse les esprits mauvais, pardonne les péchés et nous a laissé des paroles comme « Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés ! » , « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » Jésus se présente ainsi comme le bon berger, celui qui prend soin de son troupeau.

Rendant compte de ses pérégrinations missionnaires en Asie, St Paul livre une expérience marquante. « De même que nous avons largement part aux souffrances du Christ, de même, par le Christ, nous sommes largement réconfortés. » Le Christ ressuscité continue son œuvre de consolation en donnant des forces pour avancer malgré les difficultés. Ce réconfort peut même devenir contagieux : « le Dieu qui réconforte les humbles nous a réconfortés par la venue de Tite, et non seulement par sa venue, mais par le réconfort qu’il avait trouvé chez vous (les chrétiens de Corinthe) ».

Il reste encore un point difficile . Jésus, par amour pour les hommes et par son obéissance de Fils va vivre sa Passion et mourir sur la croix. Ainsi, nous dit l’Épitre aux Hébreux, « en toutes choses, il a connu l’épreuve comme nous », de la trahison jusqu’à la mort. Mais cette défaite apparente de la mission du Serviteur va se transformer en victoire. De même, si la souffrance et la mort restent inévitables et n’ont pas disparu après la résurrection, le Christ peut nous y rejoindre. La peine et la souffrance peuvent alors déboucher vers un approfondissement et une purification de notre relation au Seigneur. Le piège dans lequel nous sommes trop souvent tombés est de valoriser la souffrance comme un moyen pour aller vers Dieu. Jésus a combattu la souffrance et l’homme doit faire de même. Par contre, avec l’action du Christ ressuscité, cette souffrance n’est plus nécessairement une défaite ou un obstacle sur notre chemin d’humanisation. Alors, à notre tour, comme le Serviteur d’Isaïe, nous pourrons consoler « celui qui n’en peut plus. »

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