En chasse d’un statut juridique

Depuis la nuit des temps, des hommes fuient des persécutions et cherchent refuge sur une terre meilleure. Aujourd’hui, le contexte des Etats industrialisés configure d’une tout autre manière l’accueil des réfugiés en quête d’asile. Au-delà de l’Etat français qui sélectionne ceux qu’il estime faire partie des «bons» migrants, les politiques antimigratoires s’étendent au monde entier et englobent en leur sein les demandeurs d’asile. Les sujets déboutés sont donc de plus en plus nombreux et sont ainsi voués à l’errance et à l’insécurité. La protection relative à l’institution millénaire de l’asile semble désormais utilisée a contrario de sa finalité : sous couvert de l’exigence de «preuves» et au nom du droit, l’Etat exerce chaque jour davantage le pouvoir qu’il a de rejeter, voire d’expulser l’étranger de son territoire. Le passage d’une condition sacrée, éthique du réfugié au profit d’une vision stigmatisante d’un réfugié-criminel, réduit ce sujet à la figure d’une pauvre-victime-traumatisée ou à l’inverse, et plus fréquemment encore, d’un immigré-envahisseur-menteur. Les demandeurs d’asile déboutés de ce droit deviennent des anonymes et constituent une nouvelle catégorie d’exclus : les exclus sans nom.