La peur de l’inconnu fait chanceler

Accueillir dans une famille : voici le témoignage d’une jeune dans une famille de Welcome.

 

Un étranger chez soi ? La peur de l’inconnu fait chanceler ; moi aussi, et ma famille, avons hésité. Et pourtant…

Qu’ai-je découvert ?

Joie de découvrir quelqu’un de simple, qui ne se plaignait pas. Quelqu’un de différent qui respectait ce que j’étais. Qui voulait découvrir et comprendre et saisir, sans jamais s’imposer, ce qu’il y avait derrière les portes closes qu’il voyait de la rue. Joie de discuter le soir en buvant un thé chaud, où changer de regard devenait quotidien.

Pourquoi est-il là ?

« Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays » Déclaration universelle des Droits de l’Homme, article 14.

Une personne qui, fuyant son pays, n’a plus qu’un seul droit : asile, quête d’asile. Qu’est-ce au juste ? Un toit ? Un pays ? Un droit ? Un nom peut-être ?

Individu réduit dans une masse, errant sur les routes en quête d’un soutien, d’un accueil – ou parfois seulement qui aimerait un sourire – et prisonnier des chiffres… 48 000 demandeurs d’asile sont arrivés en France en 2009. Masse informe qu’on voit, souvent, allongée sur le sol aux instants de la nuit les plus sombres, devant le bâtiment qui, au petit matin, ouvrira ses portes et celles de ce nouveau pays peut-être. Envahisseurs ? Ou persécutés ? Un peu des deux sans doute, et, sans trop de certitudes, je ne me risque pas.

Masse qui demande. Que demande-t-elle ? Qu’attend-elle toute la nuit devant la préfecture ? Un statut.

Qu’est-ce qu’un statut ? Un mot ? Un texte ? Et puis, quel statut ?

Réfugié.

« Un réfugié est une personne qui craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ». Convention de Genève (du 28 juillet 1951).

Qui du droit de fuir obtiendra celui de rester ? 20 à 30 % d’entre eux obtiennent le «statut». Il faut attendre en moyenne 20 mois avant d’avoir la réponse.

Notez cependant que « statut » est un raccourci du long parcours administratif qui suit une demande d’asile.

Si vous souhaitez mieux comprendre, renseignez- vous : demandez à quelqu’un qui a travaillé la question plus longtemps que moi.

(Comptez pour cela une, voire deux, heures de votre temps).

La France, qui s’inscrit dans cette tradition d’asile, prévoit d’offrir aux demandeurs un gite, en attendant les réponses aux demandes. Mais, matériellement elle en est incapable et verse alors à ces personnes, auxquelles on a interdit de travailler, la somme de 300 € par mois. Soit un peu plus de 8, 14 € par jour.

Pour se nourrir, se loger, s’habiller. Pendant un mois.

Je souligne que le demandeur d’asile est, tant qu’il n’a pas de « «réponse », en situation totalement régulière.

Je me permets de proposer à présent un petit exercice : attrapez votre sac, et comptez la somme de tout ce que vous avez sur vous. Un chiffre intéressant n’est ce pas ? Rappelez-vous aussi qu’un repas à l’école, par exemple, coûte 7€.

 

JRS (Jesuit Refugee Service) a crée le réseau Welcome, un réseau de familles et de communautés religieuses qui offrent un accueil (une chambre), pour une durée déterminée à l’avance (dans une fourchette de 15 jours à 2 mois), afin de faire face à cette grande précarité et au besoin urgent d’hébergement temporaire pour les demandeurs d’asile en situation régulière. C’est à cette occasion que j’ai accueilli un demandeur d’asile chez moi. Il est Ivoirien.

 

Etranger présent chez soi sans s’imposer.

Culture différente que je ne peux comprendre et qui parfois me dérange.

Accueil d’un autre et découverte.

Dialogue de paix dans un monde de violence.

Ami qui attend un asile.

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